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Outils Low-tech et high-tech en CAA : et si on arrêtait de les opposer ? (1/3)

Ces derniers jours, sur Facebook, un sujet a fait débat, dans le groupe de discussion anglophone AAC for the SLP, rassemblant des orthophonistes travaillant dans le domaine de la CAA : devrait-on obligatoirement passer par des outils de CAA low-tech avec nos jeunes peu ou pas oralisants, avant de considérer l’utilisation d’outils high-tech plus robustes ?

C’est justement une question à laquelle la compagnie Tobii Dynavox a apporté plusieurs éléments de réponse, fondés sur la littérature scientifique, dans une série de ressources au sujet des mythes qui perdurent autour de la CAA.

Dans une publication concernant l’ordre de présentation des outils low-tech Vs high-tech, Tobii Dynavox soulevait en fait deux questions :

  • Devrait-on obligatoirement présenter des outils low-tech aux utilisateurs avant d’envisager des solutions high-tech ?

  • À partir du moment où on met en place un appareil de communication high-tech, doit-on laisser tomber l’utilisation des autres moyens de communiquer ?


Cette tendance à opposer les outils low-tech et les outils high-tech en CAA, on en discute ?


Suivez-nous aujourd’hui dans le premier volet d’une série de 3 publications sur le sujet !


Raison 1 : Savoir utiliser un outil low-tech n’est pas un prérequis à l’utilisation d’un outil high-tech.

Dans notre école, où nous desservons des élèves adolescents, présentant une déficience intellectuelle moyenne à profonde, combinée à un trouble dans le spectre de l’autisme ou à une déficience motrice grave, nous avons expérimenté plusieurs approches. Parfois, nous avons commencé par introduire des outils low-tech (ex. : système de communication par échange d’images de type PECS), et parfois, nous avons introduit d’emblée un outil high-tech. Dans les deux cas, nous avons vécu des succès et des échecs, nous conduisant à penser que l’un n’était pas un prérequis pour l’autre : chaque utilisateur est unique, et la flexibilité dans nos interventions et dans les outils que l’on propose est de mise !


Raison 2 : Un utilisateur n’a pas à maîtriser les gestes, puis les photos, puis les pictogrammes avant de pouvoir accéder à un outil high-tech.

Il est erroné de penser que l’on devrait en premier lieu présenter des objets ou des photos aux utilisateurs, plutôt que des pictogrammes, sous prétexte que les premiers sont « plus faciles » à reconnaître ou à deviner. En faisant ceci, on prive d’ailleurs les utilisateurs d’une exposition à tous les mots qui ne peuvent pas être représentés par des photos, et qui sont pourtant essentiels à l’expression d’actes de communication variés (ex. : des verbes comme « aller », « arrêter », « aider », « aimer », des petits mots comme : « moi »,

« pas », « encore », « autre », etc.).


Dans un article au sujet des limites de la hiérarchie représentationnelle, dans la mise en place de la CAA, Gayle Porter et Linda Burkhart expliquent l’importance d’exposer les utilisateurs à des pictogrammes, dès le début de leur apprentissage, dans des contextes significatifs, de façon à leur permettre d’en apprendre le sens et de leur donner accès à un vocabulaire varié qui comportera à la fois des mots de vocabulaire spécifique (noms communs, majoritairement) et de vocabulaire de base (mots généralement non producteurs d’image, comme des pronoms, des verbes, des adverbes, des déterminants, etc.).


Par conséquent, un utilisateur peut très bien être exposé dès le départ à un outil high-tech contenant des pictogrammes, dont il va apprendre le sens, à mesure qu’on lui fournira des opportunités quotidiennes de les utiliser.

Pour en savoir plus concernant la hiérarchie représentationnelle, vous pouvez aussi consulter un visuel intéressant créé par Estelle, orthophoniste à l’origine de la page Facebook Orthopaillette, qui explique cette approche et ses limites.


Raison 3 : Il n’est pas nécessaire d’évoluer de façon linéaire dans la complexité des outils de CAA.

Les utilisateurs n’ont pas besoin de nous « prouver » qu’ils sont prêts à passer à un outil de CAA plus complexe, parce qu’ils ont « franchi » toutes les « étapes » que nous leur avons imposées, soit :

  • Communiquer à l’aide d’une image isolée,

  • Communiquer à l’aide d’un tableau de communication,

  • Communiquer à l’aide d’un cahier de communication,

  • Etc.

On a pu constater que certains jeunes de notre école qui utilisaient peu leurs outils de communication low-tech (ex. : système de communication par échange d’images de type PECS) et dont les actes de communication étaient limités (des demandes, surtout), peu nombreux et rarement spontanés, ont commencé à prendre beaucoup plus d’initiatives et de plaisir à communiquer lorsqu’on leur a donné accès à une plus grande variété de vocabulaire, à travers des tableaux de langage assisté et des outils de communication high-tech, avec un contenu plus robuste.

Même si les étapes de l’approche PECS permettent un apprentissage progressif, qui convient à plusieurs utilisateurs, qu’une primo-exposition à un trop grand nombre d’images et à la gestion d’un outil high-tech peut surcharger cognitivement (beaucoup d’exigences en termes d’attention et de mémoire de travail, entre autres, tel que le rapportent Thistle & Wilkinson, 2013), on a constaté que chez certains utilisateurs, la motivation à communiquer était plus grande, lorsqu’on leur donnait accès à une grande quantité de vocabulaire.


Ces observations ont achevé de nous convaincre que l’utilisation des outils low-tech n’était pas un point de départ obligatoire dans la mise en place de la CAA.


Et pour autant, ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas un point de départ obligatoire que les outils low-tech ne sont pas indispensables !


C’est d’ailleurs pour cette raison que Tobii Dynavox en est arrivé à un second questionnement, dont nous discuterons dans la suite de cette série :


À partir du moment où on met en place un appareil de communication high-tech, doit-on laisser tomber l’utilisation des autres moyens de communiquer ?


Nous vous proposerons des éléments de réponse en imaginant deux extrêmes: tout miser sur un appareil high-tech ou tout miser sur des outils low-tech, dans les prochains jours ! Ne manquez pas ça 😊 !


Références ayant inspiré cette publication :


Porter, G. & Burkhart, L. (2010). Les limites de l’utilisation d’une approche hiérarchique

de la représentation dans l'apprentissage du langage. [traduction de l'article original en anglais : Limitations with Using a Representational Hierarchy Approach for Language Learning]


Thistle, J. J., & Wilkinson, K. M. (2013). Working memory demands of aided augmentative and alternative communication for individuals with developmental disabilities. Augmentative and Alternative Communication, 29(3), 235-245.


Tobii Dynavox (2016) AAC Myths Revealed. Myth : It is necessary to use low tech AAC tools or techniques beforeusing a high tech communication device. https://download.mytobiidynavox.com/MyTobiiDynavox/td-myths-low-before-high.pdf


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